Le Bourg-de-Rive, une belle pente vers le lac
Le plus ancien jardin public de la ville de Nyon, dominé par les colonnes romaines, balance entre classicisme et biodiversité.
Classique, le parc du Bourg-de-Rive se distingue par sa forte pente et sa fabuleuse situation au bord du lac.
Au premier regard, c’est un parc de verdure à l’ancienne, avec ses massifs de fleurs, ses plates-bandes, ses rocailles et ses arbres exotiques. Les ornements du Bourg-de-Rive habillent majestueusement la grande rampe qui descend, à l’ouest de Nyon, entre les murailles de la vieille ville et le port. De facture classique, le parc a été inauguré en 1956, deux ans avant les célébrations du bimillénaire de l’ancienne cité antique, qui ont permis d’ériger, sur l’esplanade des Marronniers, les deux colonnes romaines dominant le lac et le Mont-Blanc.
Seuls les aînés se souviennent que cette rude pente accueillait au XIXe siècle des vignes, puis le potager de l’ancienne infirmerie, devenu le Musée du Léman. C’est en 1949, lorsque la ferme Perroud, qui était située à l’angle entre la route du Cordon et le quai Louis-Bonnard a entièrement brûlé, que la Ville a songé à racheter ces ruines. L’opportunité s’est vite présentée de transformer cette parcelle, ainsi que celle du Pré-de-l’Hôpital en parc d’agrément pour habitants et touristes, offrant par la même occasion une belle carte de visite à l’entrée de la ville en venant de Genève.
Il faut respecter l’historique de ce qui fut le premier parc de la ville de Nyon
Hugues Rubattel
Créer un parc sur ce coteau abrupt n’était pas une mince affaire, car cela nécessitait de nombreux terrassements pour éviter le ravinement du talus et l’aménagement de cheminements et escaliers pour les promeneurs. On est donc allé chercher le chef jardinier de la Ville de Lausanne, André Desarzens, pour concevoir espaces et plantations sur cette parcelle de 15 000 m2. Le projet coûtant fort cher pour l’époque, soit 180 000 francs, il a fallu attendre 1956 pour terminer le projet, réalisé par étapes.
Aujourd’hui, les couronnes des arbres sexagénaires, cèdre de l’Atlas, mélèzes, Ginkgo biloba, érable argenté, tulipier, magnolia à grandes fleurs, ont atteint une ampleur spectaculaire, offrant aux promeneurs une ombre bienvenue. Et aussi de belles cachettes aux enfants qui se plaisent à se glisser sous les branches tombantes d’un gigantesque hêtre pleureur cachant une puissante ramure. Car les petits panneaux qui interdisaient autrefois de fouler un impeccable gazon gorgé de pesticides ont depuis longtemps disparu. «Désormais, on ne fait que tondre l’herbe à ras, alors que des prairies fleuries ainsi que quelques arbres fruitiers ont remplacé les laurelles et le millepertuis qui tapissaient autrefois les talus situés sous les remparts», explique Hugues Rubattel, chef des Espaces verts de la Ville de Nyon. Ce dernier, soucieux de garder l’esprit classique du parc tout en l’adaptant aux méthodes extensives, ne taille plus les arbres et fait se succéder les floraisons durant dix mois par année.
Un médaillon vedette
Les visiteurs peuvent donc se bronzer et pique-niquer sur l’herbe, reprendre leur souffle sur la montée au gré des placettes ornées de bancs et de petites fontaines émaillant le parcours. Ils traversent aussi de belles rocailles agrémentées de cascades d’eau, les horticulteurs de la ville ayant toute liberté de les planter à leur goût. La pièce la plus photographiée, c’est évidemment le fameux médaillon floral ovale qui fait la fierté du parc depuis des décennies. Illustrer avec un dessin de fleurs un thème d’actualité régionale ou internationale est devenu une tradition dès 1958. Le premier motif, illustrant un char romain, célébrait le bimillénaire de la ville. Ensuite, les fables de La Fontaine, qui cachaient parfois des piques aux politiciens locaux, ont été très en vogue, comme les Jeux olympiques ou les anniversaires de la mort de personnes célèbres, comme Hergé, le clown Grock ou Jacques Prévert. Depuis dix ans, c’est le graphiste Aurélien Hubert qui en dessine le thème. On ne découvrira celui de 2020 que lors de sa réalisation en juin, avec 20 000 plantes et du gravier coloré. Et promis, ce ne sera pas le coronavirus!
«On essaie de recréer par étapes la ceinture de verdure qui entourait l’enceinte de la vieille ville. Le prochain enjeu sera de mieux relier ce parc du Bourg-de-Rive avec la future extension du Musée du Léman. On réfléchit à un bassin, à déplacer la place de jeux», confie la municipale Fabienne Freymond Cantone.
Publié: 07.06.2020
Madeleine Schurch